Le vol nocturne
Nombreux sont ceux qui refusent de l’admettre : les sorcières vivent parmi nous. Pour ne pas finir sur un bûcher, elles dissimulent leurs écailles sous de longues robes. Leurs maisons sont régulièrement détruites, mais elles prennent la chose avec légèreté, évitant de s’énerver sans raison – une maison ne coûte pas plus d’un sortilège. Elles préfèrent la plaisanterie à la vengeance, n’utilisant leurs pouvoirs que pour glisser un regard sous les maillots de bain des promeneurs déambulant sur la plage. Ou pour ramener à la vie les amis disparus.
Donc Rogée. Rogée est une sorcière. Elle n’a pas choisi. Est-ce que sa différence lui facilite la vie ? Pas vraiment. Car elle n’a toujours pas sa carte mauve, celle qui permet de se faire soigner aux urgences et d’accéder en toutes saisons à la piscine municipale. Il y a les sabbats pour se distraire et les rêves pour voyager. Mais il manque quelque chose. Si peu. Presque rien… Et puis Martine. Martine c’est différent. Martine était une sorcière. Mais elle est morte. C’est possible une sorcière qui meurt ? On ne sait pas. En tout cas, elle revient de temps en temps, sous une forme ou sous une autre. Un lapin. Une vache. Un sanglier. Mais est-ce que c’est encore Martine ?
Tissant les fils de son histoire au gré de sa fantaisie, Delphine Panique nous offre avec "Le vol nocturne" une chronique alerte et délicate sur la perte et le passage du temps. Les courts chapitres s’organisent peu à peu comme un puzzle et la légèreté des anecdotes se dissipe en volutes transparentes pour laisser apparaître une gravité inattendue. Fusionnant dans sa marmite des ingrédients réputés peu compatibles, Delphine Panique prouve une nouvelle fois ses talents d’alchimiste par la transmutation des ténèbres en haïkus lumineux et mélancoliques.
• Delphine Panique
• Collection Raoul
• 208 pages en noir
• 16 x 21 cm
• Couverture souple avec rabats